Internet 2.0: la merde universelle

Publié le par ta soeur

[Ce billet n'est pas drôle. J'essaye juste de remettre mes idées en place, et le faire ici a un petit côté paradoxal qui me fait mouiller]

 

 

 

 

Déjà, d'où vient Internet 2.0? C'est quoi ce délire inventé par les médias encore? Faire un historique sur la création du web est long et j'ai la flemme, mais au départ c'était censé être un outil de partage scientifique. Ca a vite été récupéré pour des trucs utiles comme les blogs et le pron, et ça c'est cool. Les simples mots sur ce billet sont la preuve qu'internet est désormais une gigantesque poubelle peuplée de milliers de tribus primitives avec chacune leur langage et coutûmes spécifiques.

 

Je me rappelle. I had a dream. J'avais 6 ans. Une étrange machine grise/blanche gisait dans le salon. "Papa, qu'est-ce que c'est?" C'est un ordinateur mon fils, et d'ici quelques années tu seras tellement accro aux 60 hertz de cet écran que tu préféreras y rester coller plutôt que te ballader en forêt. Mon père avait pété sa tirelire à l'époque, on avait le top du top, un 386 150 mhz, écran couleur, lecteur de disquette, et lecteur CD 4x!!! c'était le grand luxe. Il s'agit du début des années 90, quand l'informatique a commencé à se démocratiser pour doucement rentrer dans les maisons. Je continuais ma vie de petit garçon dehors, mais clairement j'adorais tous ces jeux de voitures (j'ai découvert Need for Speed premier du nom, wouaaaaah). La Nes/supernes et la megadrive était déjà solidement implantée, et l'idée qu'un PC puisse servir pour les jeux restait encore exotique pour le grand public.Il y avait déjà plein de jeux à cette époque, mais je me souviens que mes camarades s'amusaient beaucoup plus sur les consoles.

 

Puis Doom. Alala. Faut pas montrer des jeux pareils à des gosses, c'est pas bien. Full Throttle. LBA 1 et 2. Heroes of Might and Magic premier du nom. Duke Nukem 2. Oui, le 2, pas le 3D haha. Sortie de la Playstation. Je me suis vite fait attrapé là dedans. Encore trop jeune, mon père était toujours là pour éteindre l'ordi à ma place et me forcer à sortir. J'étais content d'aller faire du vélo en fait.

 

 

 

 

Déménagement, découverte des cartes Magic. Diablo, la révélation. Bomberman. Unreal Tournament, tellement énormissime pour l'époque. Les consoles tournaient aussi: Tekken, Gran Turismo, Final Fantasy...

Tous ces jeux, toutes ces heures passées entre PC et consoles, haha... Je me rappelle quand ma mère me disait de sortir pour profiter du beau temps. Je ne sais pas si je regrette en fait... aujourd'hui je profite beaucoup plus de la nature, mais quelle pitié lorsqu'on a 12 ans...

 

Internet existait déjà depuis longtemps, mais les premiers forfaits restaient du luxe. Je me rappelle: forfait liberty surf, 4h gratuites/mois. WOUH \o/. Club internet, forfait 20h/mois pour 300 francs. Ca me fait bien marrer aujourd'hui. D'années en années plus de gens se connectaient, jouaient, rendant les chiffres d'affaires suffisamment intéressants pour aller toujours plus loin.

A partir de l'année 2000, les ordinateurs étaient dans presque tous les foyers, et internet relativement accessible. On pouvait alors s'informer sur les dernières infos de son groupe préféré, trouver des musiques, des clips, discuter avec des gens, tout ça très facilement. Ca existait depuis longtemps, mais ça s'est totalement démocratisé. Ola, je ne fais pas un cours d'histoire, non non, mais je me rends compte aujourd'hui d'une dérive monstreuse, et j'essaye de comprendre pourquoi.

 

La playstation 2 sort. Evolution démente des graphismes. Heroes of Might and Magic 3, Morrowind, Unreal Tournament 2003/2004. Pfff, il me faudrait plus de temps pour trouver tous ces jeux qui m'ont marqués et la chronologie exacte. Toujours est il qu'à cette époque on avait une évolution graphique et toujours des bons jeux, et internet était utilisé pour étendre les expériences.

 

 

 

 

2004, World of Warcraft sort. Même pas besoin d'en parler, on sait ce que ça a créé. Combien de mmorpg free to play maintenant? Combien de jeux insipides kikoolol qui dénaturent l'esprit initial des sagas heroic fantasy? Et encore, je suis très jeune pour parler comme ça, je n'ai pas connu la grande époque Donjons et Dragons. Mais j'ai vu ces dernières années quelque chose de bizarre. En même temps que wow suivait son expansion, internet ne devenait plus une expérience supplémentaire... ça devenait la norme. Le pron devient maître et on ne lit plus les paragraphes explicatifs. On clique bêtement partout sans comprendre comment c'est fait. On zappe si les graphismes sont trop vieux. Les scénarios n'existent plus, les personnages n'ont plus de saveur. Oh, bien sur il existe toujours de bons jeux, mais tout comme la musique, il ne s'agit plus de création, mais d'industrie. Le but est de vendre un maximum, et pour ça faut toucher tout le monde. Et pour toucher tout le monde, faut pas que ce soit trop compliqué. Et le web a suivi cette même évolution. Toujours plus de conneries divertissantes, moins de nouveaux concepts. Il y a toujours des adresses sympathiques et des endroits très intéressants à visiter. Mais à force de toucher toute la population, tout le monde s'y met, tout le monde compare, tout le monde se montre...

 

Sérieusement... j'ai mis du temps à accepter msn, et puis j'ai fini par comprendre que c'était un très bon outil de travail et de communication pour les gens trop loin géographiquement. Est-ce que c'était la volonté première des réseaux sociaux? Pourquoi aujourd'hui tout le monde prend des photos de leur soirée "pour les mettre sur facebook"? Pourquoi les filles font des photos vers le haut avec leur mèche et le regard sombre comme si elles étaient en deuil? Au final je m'en tape, je récupère les photos cochonnes et je les mets dans mon dossier "fapfapfap", mais je me rends compte d'un truc simple: plus c'est gros, plus la médiocrité sera présente. Je devrais bosser, et j'ai à ma disposition un outil magnifique pour mes recherches. Non sérieux, quand on sait s'en servir internet est un formidable gain de temps. Et puis on clique sur le lien rigolo, et c'est fini. On est en face de ses faiblesses, de sa flemme, de son envie d'écrire des trucs pseudos intéressants ou se montrer comme étant super cool... Je devrais être en train d'écrire mon rapport, mais j'ai la flemme. Et comme j'ai internet, je peux incarner cette flemme ludiquement.

 

Je n'ai eu accès au web que récemment. Avant, c'était sporadique, maintenant c'est quotidien. Et je me rends compte que depuis 3 ans, j'ai tendance à moins écrire, moins jouer de la musique, moins faire de ballades. Par contre je sors plus. Bon, c'est aussi dû à l'age et les thunes qui commencent à rentrer :D

Mais je regrette de passer parfois des soirées entières devant un écran. Les jeux commencent à tous se ressembler et ça me gave. Je joue sans conviction. Ou alors je ressors les vieux jeux. Je clique, j'avance, je sais déjà par avance comment ça se passe. Alors j'arrête, et je surf. Je clique, j'écris, je rigole, puis à 00h30 je me dis que je devrais me coucher. Je bouge mon cul de mon siège, j'entend mes articulations craquer, mes yeux piquent et j'ai envie de bouger.

 

 

 

 

J'ai honte. Le fameux Internet 2.0 (aka internet pour tous) pour moi c'est la tentation incarnée. Rien d'intéressant, tout pour perdre son temps. On s'y amuse, mais on en ressort aussi con. Avant d'être en contact avec cet outil démoniaque, je lisais plus, je jouais plus de guitare, je composais plus... Internet est la conséquence ou la cause de cet abandon progressif? Un peu des deux j'imagine. On est pas toujours dans un esprit positif. Mais lorsque je clique sur la petite icône, je sais très bien que j'ai une chance non nulle troquer un temps précieux de création et d'art contre celui de la consommation divertissante. Je crois à une sorte de libération mais lorsque j'éteins, je pense toujours "j'aurais pu faire quelque chose de constructif à la place". Ecrire ici est un léger paradoxe qui me permet justement de parler de ce problème de fond. Internet devient comme une drogue pour moi. On pourrait comparer ça a du vin, et je suis alcoolique. Il y a de très bons vins, mais il faut prendre le temps de les apprécier. Une petite cuite de temps en temps c'est marrant, surtout avec des amis. Mais être constamment en contact avec, c'est mauvais. Oh bien sûr, lorsque je bois mon petit verre de vin ça me fait plaisir. Tous les verres de vins me font plaisir en réalité. Mais il n'y a pas que le vin à boire, et boire n'est pas la seule manière de s'amuser.

 

Je me demande si ce malaise que j'ai est juste dû à un manque de contrôle personnel ou si tout le monde le vit. D'ailleurs c'est ça qui me chagrine. Tout le monde devient dépendant d'internet et personne ne semble ne rendre compte que cela va finir par annihiler toute pensée individuelle. On prône l'ouverture d'esprit, la tolérance, le respect, mais personne ne comprend ces mots. Je vois toujours plus de lieux dits, de fausse réflexion, de gens insipides qui se croient acteur principaux de leur film imaginaire. Je pense que le simple mot "geek" est symbolique. Il y a deux semaines, un pote a branché une fille et espère la voir le lendemain, puis lorsqu'il nous en parle il ajoute "en plus c'est une geek, ça va être drôle". Le doute m'assaille. "bah ouais elle joue à wow!". J'ai hurlé et je l'ai étranglé un peu. Je me suis jamais considéré comme geek et pourtant je fais parti de cette génération élevée au pixel et aux mondes imaginaires. Mais ce mot, geek, ressemble un peu au mot amour durant la période des boys band. A trop le dire, on lui enlève toute sa contenance. Comme tout ce qui devient "tout public" en fait. Est-ce qu'on est obligé d'être un ermite reclu pour avoir des idées cohérentes et utiliser des mots qui ont un sens?

 

 

 

 

Où est la véritable révolution d'internet? Tout le monde finit par ressembler à tout le monde, l'exhibition devient moyen d'expression, exprimer son point de vue et débattre devient primordial comme si notre avis avait une quelconque importance. Désormais nous avons tous ce pouvoir incroyable entre les mains, ce qui nous fait sentir important. Plutôt que la tolérance, je crois que le web d'aujourd'hui favorise la vanité. Un échange qui serait resté cordial à une térasse de café devient un affrontement violent où le vainqueur est celui qui démontera le plus les idées de l'autre. Toute critique devient facile, tout contact devient un combat. Les statistiques et les chiffres sont balancés comme des fins en soit. Des vidéos horribles sont montrées et tout le monde hurle de joie à avoir "vu la vidéo gore où le mec s'éclate la gueule en plongeant"...

 

Je suis drogué de ça, mais je me dégoute. Finalement, toute cette mascarade sous couvert de culture et de communication ressemble à un Colisée où chaque personne du public, assoifée de sang et de boobs, peut aller au milieu de l'arène. Certains de ces spectateurs sont conscients de cette crauté, d'autres non. Certains exposent leurs oeuvres dans les galeries à côté en espérant que l'affluence sera bénéfique. Et dans le sable, les gens s'affrontent sans pitié, sans honneur, sans même savoir pourquoi. Il n'y a aucune cause, aucune raison, juste nos yeux ébahis et nos bouches en rictus malsain qui expriment à quel point cet endroit est jouissif. Parce que voir et participer à toute cette merde est jouissif. Evidemment les jeux du cirques se transforment en orgie après 22h et tout le monde laisse ses instincts remonter à la surface, entre phallus en érection, femmes attachées par des cordes, bruits de déglutition, gémissements archaïques et chevaux montés comme des taureaux (LOLILOL MDR).

 

Tiens, c'est une bonne idée ça, un site en streaming sur le thème du Colisée. Des batailles sanglantes jusqu'à la mort, abonnement par allopass, et samedi soir spécial porno. J'espère que ça n'a pas déjà été fait.

 

 

 

 

Il est midi et je n'ai pas commencé à bosser.

Douce ironie.

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